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MIRABEAU

PEINT PAR LUI-MÊME.

:

COMMUNES. -
Des 6 et 7 Mai 1789.

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L Es députés des communes, d'après la convocation du roi, d'après l'annonce faite par M. le garde des sceaux, et la proclamation du héraut d'armes, s'étoient rendus (1) dans la salle d'assemblée. Là ils attendirent vainement les députés des ordres du clergé et de la noblesse. Tandis que ceux-ci, jaloux de défendre leurs privilèges et leurs usurpations, précipitoient leurs opérations, les communes eurent un systéme raisonné d'inertie, dont le motif principal étoit de donner aux deux ordres privilégiés le tems de réfléchir à l'inconséquence de leur séparation : animées du désir de mettre en activité l'assemblée par

(1) Le 6 mai 1789. Tome I.

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le concours de tous les députés, elles invi tèrent (1) le clergé et la noblesse à se réu nir à eux; mais ces deux ordres se contentèrent de nommer des commissaires pour conférer avec ceux des ordres respectifs.

Du 8 au 11 Mai 1789.

Mirabeau pensoit alors que les communes devoient fonder leur force sur leur immobilité. Il est à regretter que les discours des orateurs qui ont parlé dès l'aurore de la liberté, ne se trouvent recueillis nullo part

Du 12 au 14 Mai 1789.

Cependant l'assemblée sentit la néces sité de prendre une forme régulière, d'opiner et de délibérer (2): les motions se succédoient à l'envi; deux (3) attirerent sur-tout l'attention des communes.

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(1) 7 mai. Ce jour, M. le Roux est nommé pour exercer les fonctions de président, en qualité de doyen.

(2) Motion de M. Mounier, adoptée le 13 mai. (3) Celles de MM. Rabaud de Saint-Etienne et le Chapelier, proposées le 24 mai...

Par la première, M. Rabaud de Saint Etienne demandoit qu'il fût nommé des commissaires pour conférer avec les commissaires nommés par les ecclésiastiques et les nobles, pour réunir tous les députés dans la salle nationale, sans pouvoir jamais se départir des principes de la délibération par tête et de l'indivisibilité des états-gé

néraux.

Par la deuxième, M. le Chapelier désiroit que l'on déclarât au clergé et à la noblesse, que leur conduite étoit irrégn

lière.

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Du 15 au 18 Mai 1789.

Ces deux motions occasionnèrent de vifs débats, qui se prolongèrent pendant plusieurs jours. Voici le discours que pronon ça Mirabeau :

<< MESSIEURS,

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>> Les sentimens très estimables, les

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principes en général très-purs, qui caractérisent les deux motions dont nous sommes occupés, n'ont pas suffi pour me ranger entièrement aux propositions de MM. Rabaud de Saint-Etienne et Chape

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lier. Je désirerois qu'un avis mitoyen tem,

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pérât, ou plutôt réunit ces deux opinions. >> M. Rabaud de Saint-Etienne demande que nous autorisions MM. du bureau à conférer avec les commissaires du clergé et de la noblesse, pour obtenir la réunion des membres qui doivent former les étatsgénéraux.

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>> M. Chapelier désire que dans une déclaration très-formelle, nous démontrions au clergé et à la noblesse l'irrégularité de leur conduite, et que nous les avisions des démarches qu'il deviendra nécessaire

d'opposer à leurs prétentions.

>> Ce dernier avis, plus dans les principes que le premier, il faut en convenir, plus animé de cette mâle énergie qui entraîne les hommes à leur insçu même, renferme, selonomoi, un grand inconvénient dont les préopinans ne m'ont pas paru tous assez frappés.

>> Indépendamment de ce que le parti que nous propose M. Chapelier, tend à porter un décret solennel avant que nous ayons aucune existence légale; indépendamment de ce qu'il avertit nos adversaires d'un système, qu'il est bon de ne leur faire connoître qu'en le développant tout entier

lorsque nous-mêmes en aurons saisi toutes les conséquences; il appelle, il nécessite en quelque sorte une déclaration de la noblesse, encore plus impérative que celle dont nous fumes accueillis hier; une déclaration, que, dans nos formes actuelles, nous ne sommes ni préparés ni aptés à repousser, et qui cependant peut exiger les résolutions les plus promptes. Si nous sommes persuadés, MESSIEURS, autant que nous devons l'étre, qu'une démarche aussi mémorable, aussi nouvelle, aussi profondément décisive que celle de nous déclarer l'assemblée nationale, et de prononcer défaut contre les autres ordres, ne sauroit jamais étre trop mûrie, trop mesurée, trop imposante, et même qu'elle nécessite d'autres actes, sans lesquels nous pourrions obtenir pour tout succès une dissolution qui livreroit la France aux plus terribles désordres; nous devons infiniment redouter de nous trouver contraints en quelque sorte, par notre déclaration, même à faire avec précipitation ce qui ne peut jamais être soumis à trop de délibération.

>> D'un autre côté, la motion de M. Raj

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