volcanique aurait traversé librement cette galerie verticale qui ne pouvait opposer d'autre obstacle les lois de la pesanteur. que En 1766, le Vésuve sortit d'un sommeil de cinq ans, qui n'avait été interrompu que par des explosions de fumée. Le chevalier Hamilton était monté plusieurs fois dans l'intervalle au sommet du cratère, et avait vu les parois de la galerie verticale incrustées de sels et de minéraux. Un phénomène bien plus important, c'est qu'entre les deux explosions de 1760 et de 1766, il s'était formé dans l'intérieur du volcan, à environ vingt pieds de profondeur, une petite solfatare; l'illustre Anglais avait eu le courage d'y descendre, et de tenter de mesurer la profondeur de ce second Vésuve. De grosses pierres qu'il jeta dans l'ouverture, annoncérent que des obstacles en retardaient la chute: il compta cent ricochets avant qu'elles parvinssent au fond de l'abîme. lui Le 28 mars, la lave commença à s'élever. L'intrépide Hamilton eut l'audace de passer la nuit du 31 sur le volcan, lorsqu'il était dans la force de son éruption : il vit s'élever des pierres embrasées, parfaitement transparentes, qu'on pouvait juger au volume, du poids de vingt quintaux. Elles montaient à la hauteur de deux cents pieds, et retombaient dans la bouche de la plus petite solfatare. Le 11 avril, on put approcher ce fleuve de laves embrasées. Il se divisa en trois branches, qui, communiquant leur chaleur aux cendres des laves, anciennes placées dans l'espace intermédiaire, produisirent l'image d'un lac enflammé qui avait quatre milles de long sur deux milles de large. Ce tableau, vu dans les ténèbres de la nuit, donnait une idée du Ténare d'Ovide, ou de l'enfer de notre théologie. Cette éruption dura neuf mois. Une éruption de l'Etna fit, à la même époque, de grands ravages dans la Sicile. Le Vésuve se reposa huit mois; et dès le 19 octobre 1767, il annonça de nouvelles dévastations. Hamilton, accoutumé à braver le feu de la nature, monta sur le volcan aussitôt après l'émission de la lave, accompagné d'un seul guide. Tout à coup, vers midi, après une détonation terrible, il vit, à un quart de mille de l'endroit où il observait, la montagne s'ouvrir avec fracas, et une fontaine de feu s'élever de cette nouvelle bouche, en forme de feu d'artifice, et rouler directement vers lui; en même temps la terre tremblait; une, obscurité profonde enveloppait l'atmosphère; tout le ter rein qui s'étendait entre lui et le torrent, fut inondé de pierres - ponces. Son guide s'enfuit, et lui-même fut obligé de faire trois milles sans s'arrêter, pour ne pas partager le sort de Pline l'ancien. Le Vésuve, depuis 1767 jusqu'en 1778, fat presque toujours en éruption. On compte dans cet intervalle six éruptions, en 1770, 1771, 1773, 1774, 1775 et 1776; mais aucune n'offre des phénomènes nouveaux. CHAPITRE IV. Description de l'éruption du mont Vésuve; de 1780. LE 8 août 1780, les Napolitains furent témoins d'une des plus effrayantes éruptions dont l'histoire ait conservé le souvenir. Cette convulsion de la nature menaça la ville de Naples du sort qu'avaient éprouvé, sous l'empire de Titus, les villes de Pompeia, d'Herculanum et de Stabia. Depuis le trois de ce mois; le cratère de cette montagne volcanique vomissait des flammes, et il en sortait une lave brûlante brûlante qui coulait lentement dans les vallons. Ce spectacle, auquel les Napolitains étaient accoutumés, ne les alarmait pas, la lave s'était même arrêtée. La grêle de feu devint plus considérable le 8 au matin, mais elle diminua à l'entrée de la nuit. Le bruit qui sortait des flancs du Vésuve cessait de se faire entendre; on croyait toucher à la fin de l'éruption, lorsque tout à coup, au sein de la nuit la plus profonde, on vit s'élancer dans l'atmosphère une noire et épaisse fumée le sommet de la montagne s'ouvre du côté de la Somma. Il s'élève d'une bouche immense une effrayante colonne de matière fluide, de fumée et de pierres enflammées dont l'ensemble présente le redoutable aspect d'une grêle de feu qui paraissait avoir trois milles d'élévation. La fumée, dirigée par les vents, se portait sur Ottojano, mais l'élévation à laquelle elle montait faisait une telle illusion, qu'elle semblait planer sur la ville de Naples. En cet instant la montagne entière parut une pyramide enflammée. Des coups de foudre. sortaient en tout sens de la colonne de feu; des pierres de dix pieds de circonférence, élevées par la force du volcan, tombaient dans la vallée de Somma qui en était jonchée. Les broussailles semées çà et là dans cette vallée, et les bois d'Ottojano s'enflammèrent. Cet incendie, qui se communiquait aux habitations répandues dans la campagne, augmentait le découragement, en proportion des dangers accompagnant ce phénomène. Les cris des malheureux habitans, déserteurs de leurs maisons, éclairés dans leur fuite par l'embra sement de leur patrie, étaient entendus de Naples. Le chemin de Portici se remplissait de femmes et d'enfans de Resina, de Torre del Greco et de l'Annunziada, chargés de tout ce qu'ils pouvaient emporter. L'éruption ne dura que vingt-cinq minutes : elle finit tout à coup, et laissa voir la montagne couverte de feu pendant une partie de la nuit. Ce spectacle avait été si extraordinaire, que lorsqu'il eut cessé, il paraissait un rêve à ceux qui en avaient été les témoins. Le lendemain, on fut instruit des dégâts de la nuit. Ottojano était écrasé et à demi-brûlé. La plaine de Cassis-Bella, où le roi des DeuxSiciles avait fait construire un magnifique pavillon, fut convertie en un amas de pierres et de cendres. L'éruption recommença à midi, avec moins d'abondance; mais la colonne s'é |