d'hui en l'honneur de la Croix (1). Quinze ans après, c'est-à-dire en 585, saint Grégoire-leGrand, qui fut depuis pape, et qui étoit alors nonce du pape Pélage II auprès des empereurs Tibère et Maurice, rapporta aussi de Constantinople quelques morceaux de la Croix, dont il donna, en 599, une portion à Recarède, roi des Visigots en Espagne, nouvellement converti de l'arianisme à la foi catholique. Les empereurs latins de Constantinople imitèrent la pieuse générosité de leurs prédécesseurs, en faisant présent de quelques portions de la vraie Croix à diverses personnes, et surtout aux rois de France, qui en distribuèrent eux-mêmes à plusieurs églises de leur royaume. L'histoire fait surtout mention d'un morceau de la vraie Croix d'un pied de long, envoyé en 1201, par l'empereur Baudouin Ier, au roi Philippe-Auguste, qui en fit présent à l'abbaye de Saint-Denis (2). Ce fut vraisemblablement vers (1) On a aussi attribué à Fortunat l'hymne de la Passion, Pange, lingua, gloriosi lauream certaminis; mais il paroît qu'elle est de Claudien Mamert. Voyez l'Hist. de l'Église Gallicane, par le P. Longueval, tom. III, liv. VII, année 570. (2) Voyez Baillet, 3 mai, n. 3. Hist. de l'Église Gallicane, tom. X, liv. XXIX, année 1203, pag. 243. Hist. de l'abbaye de Saint-Denis, par Félibien, liv. IV, année 1205. On voyoit encore cette précieuse relique à Saint-Denis, à l'époque de la révolution, dans une croix d'or toute couverte de le même temps que la ville de Maëstricht, dans les Pays-Bas, fut enrichie d'une portion considérable de la sainte Croix, dont on peut voir le dessin et la description dans l'ouvrage de Gretser sur la Croix (1). La sainte Relique est enchassée en forme de croix grecque (2), dans pierres précieuses. On peut voir la description et le dessin de ce magnifique reliquaire dans l'Hist. de l'abbaye de SaintDenis, par Félibien, pag. 536. M. Michaud, dans l'Hist. des Croisades, (tom. III, note de la pag. 274) suppose que le morceau de la vraie Croix dont il est ici question s'est conservé dans le trésor de la SainteChapelle jusqu'en 1791, et qu'alors seulement il fut porté à Saint-Denis. Il paroît que c'est une méprise. Les historiens s'accordent à dire que ce morceau de la vraie Croix fut donné par Philippe-Auguste à l'abbaye de Saint-Denis, qui l'a toujours conservé jusqu'à l'époque de la révolution. M. Michaud est le seul, du moins à notre connoissance, qui dise le contraire. (Voyez en particulier l'Hist. de l'abbaye de Saint-Denis, pag. 215 et 536.) Il ajoute au même endroit, que cette précieuse relique se trouve de nouveau dans le trésor de l'église de Saint-Denis. Nous craignons que l'illustre auteur n'ait été mal informé ; car un chanoine de Saint-Denis, à qui nous avons demandé quelques éclaircissemens sur ce fait, n'en a aucune connoissance. (1) Gretser, de Cruce, tom. III, pag. 538. (2) C'est un usage très-ancien de disposer la vraie Croix dans les reliquaires en forme de croix simple, ou de croix grecque. On observoit cette dernière forme dans la croix de la SainteChapelle de Paris, dans celle de Maëstricht, dont nous parlons ici, et dans celle de la princesse Palatine, dont nous parlerons bientôt. Il seroit assez difficile d'assigner la véritable origine de cette croix grecque. On peut voir dans la Disserta—, une lame d'or qui la recouvre toute entière, à l'exception d'une seule face. Elle a environ dix pouces de long sur un pouce de large : sa plus grande traverse est d'environ sept pouces et demi, et la plus petite de quatre pouces et demi. La lame d'or qui l'environne est soigneusement travaillée, ornée de reliefs et de pierres précieuses. Elle porte une inscription grecque, qui montre que ce reliquaire a été fait par les ordres d'un empereur grec, nommé Romain, que Gretser croit être le premier ou le second de ce nom (1). Trente-cinq ans après la donation faite à Philippe-Auguste par Baudouin Ier, l'empereur Baudouin II, ayant été réduit à la triste nécessité d'engager aux Templiers plusieurs morceaux considérables de la vraie Croix avec d'autres Reliques de la chapelle impériale, pour remplir le vide occasionné dans son trésor par tion de Ducange sur les médailles des empereurs de Constantinople, (à la suite de son Glossaire latin, n. 23) les principales "conjectures des savans sur ce point. Toutefois nous sommes portés à croire qu'on a voulu imiter par cette forme celle que la croix de Jésus-Christ devoit avoir, lorsque le Titre y étoit attaché. On voit en effet, par la portion de ce Titre qui subsiste encore, et dont nous parlerons dans la question suivante, qu'il devoit avoir environ dix-huit ou vingt pouces de long, et environ six pouces de large. (1) Romain Ier monta sur le trône en 919, et Romain II en 960. le fléau de la guerre, saint Louis, instruit de cette résolution, lui envoya des personnes de confiance, avec l'argent nécessaire pour retirer ces précieux objets. Ils furent apportés en France en 1241, et solennellement transferés dans la chapelle du Palais, le 14 septembre, avec les mêmes cérémonies qui avoient eu lieu deux ans auparavant, en l'honneur de la sainte Couronne, et dont nous aurons bientôt occasion de parler. L'église de Paris célèbre la mémoire de cette translation le 14 septembre, jour de l'Exaltation de la sainte Croix (1). On conservoit encore à la Sainte-Chapelle de Paris, à l'époque de la révolution, l'étui dans lequel avoit été apporté en France le principal morceau de la vraie Croix envoyé à saint Louis par l'empereur de Constantinople. Cet étui, dont l'intérieur est ici représenté, d'après le dessin qu'on en trouve dans l'Histoire de la Sainte-Chapelle par Morand, avoit environ deux pieds dix pouces de long, sur un pied trois pouces de large. Il étoit garni, en dedans, d'une lame d'argent doré. (1) Voyez Baillet, ibid. Hist. de l'Église Gall. tom. XI, liv. XXXI, années 1229–1240, pag. 161. Hist. du BasEmpire, tom. XXI, liv. XCVIII, n. 18. Collection des Mémoires publiés par M. Petitot, tom. I, pag. 500. Hist. de l'empire de C. P. par Ducange, deuxième partie, pag. 124. - Voyez aussi le n. I des Pièces justificatives placées à la suite de cette Notice. |