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Qu'ai-je à faire de la multitude de vos victimes? dit le Seigneur par la voix du prophète. J'en suis dégoûté je n'ai jamais aimé les holocaustes des béliers, ni la graisse des troupeaux, ni le sang des veaux, des agneaux et des boucs. Lorsque vous venez paraître devant moi, qui a demandé que vous eussiez ces dons dans les mains, pour fouler aux pieds mes parvis?

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«Ne me présentez plus de vaines oblations, l'encens m'est en abomination. Je ne puis plus souffrir vos nouvelles lunes, vos sabbats et vos autres fêtes; l'iniquité et la fainéantise règnent dans vos assemblées .»-Platon avouait que de lui-même l'homme ne sait pas prier; qu'il a besoin d'apprendre quel hommage il doit aux dieux, et conseillait d'attendre, pour offrir un sacrifice efficace, l'arrivée du suprême instituteur 2.-Les POURANAS exprimaient l'attente des peuples; la terre se plaignait de ce qu'elle allait, sous le poids des iniquités, s'enfoncer dans le patala. Wichnou (seconde personne de la trinité indoue) la consolait, lui promettait un SAUVEUR qui viendrait naître dans la maison d'un berger, serait élevé parmi des pasteurs et l'affranchirait de la dynastie des Daytias (démons) 3.- Les livres chinois renfermaient une

Isaïe, ch. 1, v. 12, 13, 14.

2 Platon.-Second Alcibiade.

3 Observ. du cap. Wilfort de la société de Calcutta.

semblable espérance. « Il faut attendre cet homme, et ensuite il y aura perfection. C'est pourquoi l'on dit : sans la vertu suprême, la suprême loi ne prendra pas racine. Cent chi ( trois mille ans) se sont passés à attendre le saint homme.... aussi la gloire de son nom inondera comme un océan l'empire du milieu; elle parviendra aux barbares et aux étrangers, en tous les lieux où vont les vaisseaux et les chars 1.» -Des ouvrages originaux attestent que souvent Confucius parlait du SAINT qui devait exister à l'OCCIDENT.-« Le ministre Phi consulta Confucius, et lui dit : Maître, n'êtes-vous pas un saint homme? (Ce mot exprime en chinois un homme dieu.) » Il répondit : « Quelque effort que je fasse, ma mémoire ne me rappelle personne qui soit digne de ce nom. Mais, reprit le ministre, les trois rois (chefs des dynasties Hiâ, Châng et Tchêou) n'ont-ils pas été des saints? Les trois rois doués d'une excellente bonté ont été remplis d'une prudence éclairée et d'une force invincible. Mais moi Kkiéou, je ne sais pas s'ils ont été des saints. Le ministre reprit : Les cinq seigneurs n'ont-ils pas été des saints? Les cinq seigneurs, dit Confucius, doués d'une excellente bonté, ont fait usage d'une charité divine et d'une justice inaltérable. Mais moi

Le Tchoung-young, ch. 27, 29, 31, 2 A. Rémusal. Notes sur le Tchoung-young.

Khieou je ne sais pas s'ils ont été des saints. Le ministre lui demanda encore: Les trois Augustes n'ont-ils pas été des saints? Les trois Augustes, répondit Confucius, ont pu faire usage de leur temps; mais moi Khieou, j'ignore s'ils ont été des saints. Le ministre, saisi de surprise, lui dit enfin S'il en est ainsi, quel est donc celui qu'on peut appeler SAINT? Confucius ému répondit pourtant avec douceur à cette question: Moi Khieou, j'ai entendu dire que dans les contrées OCCIDENTALES, il y aurait un saint homme qui, sans exercer aucun acte de gouvernement, préviendrait les troubles.... Aucun homme ne saurait dire son nom. («Qui pourra raconter sa génération?» Isaïe, LIII.); mais moi Khiêou, j'ai entendu dire que c'était là le véritable SAINT1. » Ce n'était point par l'effet d'une prévision surhumaine, d'une révélation céleste que le philosophe chinois croyait à l'arrivée du SAINT. Il nous apprend qu'il l'a entendu dire. Ainsi donc cette tradition lui était venue de ses devanciers; toutes les nations espéraient l'apparition du rédempteur. — « Les peuples, disait Memtius, disciple de Confucius, l'attendent comme les plantes flétries attendent la rosée .»-Les Indiens témoignaient la même impatience. Un de leurs points sacrés, le BARTA

L'invariable milieu, pages 144, 145.

• Her, Jos. Schmitt. Origine des Mythes.

CHASTRAM Contenait, il y a environ deux mille cinq cents ans, cette prédiction : « Il naîtra un brahme dans la ville de Scambelam : ce sera Wichnou Icsoudou.... Alors ce qui était impossible à tout autre qu'à lui, ce Wichnou Iesoudou, brahme, conversant parmi ceux de sa race, purgera la terre des pécheurs, y fera régner la justice et la vérité, offrira un sacrifice.... » Remarquez les noms donnés au Messie, à la ville où il naîtra. Quelle admirable concordance avec les livres hébreux ! « Il naîtra un brahme» un prêtre (tu es sacerdos in æternum) « dans la ville de Sçambelam » (Bethléem). Bethléem signifie en hébreu maison de pain, et Scambelam veut dire, dans le style sacré des Indoux, pain de maison, pain domestique, etc. « Ce sera Wichnou Iesoudou. » Wichnou (seconde personne de la trinité indoue), « Iesoudou » (Jésus!) Dou est dans cette langue, dit le traducteur du Barta Chastram, la terminaison commune aux noms propres masculins. Ainsi lesoudou n'est pas plus différent de Iesou que Tiberius de Tibère 1 »— Le Bagavadam montrant la seconde personne, Wichnou, qui, renfermée dans le sein d'une femme, vint à la vie sous le nom de Chrishna (Christ!), n'attestait pas moins formellement l'identité des traditions sur le Messie. « Toutes les circonstances de sa naissance, comme de son

! Recherches asiatiques traduites par Labaume. Notes.

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nom, rappelaient Jésus-Christ, » écrivait M. de Guignes; <«< il est né d'une vierge, dans une grotte, où il où il y avait un âne; pendant la nuit, il a été adoré par des anges et par des bergers 1.» En ce temps là, « le peuple qui marchait dans les ténèbres, aperçut une grande lumière. » Les livres hébreux restés inconnus aux nations étrangères, furent publiés dans la ville des philosophies, Alexandrie, métropole du royaume de la critique. Un des Ptolémées fit traduire en grec, et déposer à la bibliothèque du musée les saintes écritures. En dépit des docteurs de la loi, inconsolables de cette profanation, des Athéniens, des Romains purent copier la version des Septante. Ainsi se répandit dans le monde la tradition juive. Et quand Varron voulut, par l'universalité des récits, établir l'unité de Dieu, il s'appuya des écrits des hébreux 2. Dès ce moment l'attente du réparateur était une croyance ferme et stable. -Les mages n'avaient point oublié l'avertissement de Zerdascht, leur grand-maître, sur l'étoile qui leur annoncerait la naissance du Messie, auquel il leur recommandait de porter des présens 3.

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Dans l'Orient courait le bruit qu'une étoile merveilleuse devait diriger les saints hommes vers le lieu où naîtrait l'enfant. C'est à cette époque qu'un empereur de l'Inde, alarmé de

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Bagavadam, liv. 1, 9, 10.- VV. Jones. Asiat.rescarch., t. I. 2 S. August. Cité de Dieu, t. 1, liv. 4, ch. 31.

3 D'Herbelot. Bibliot orient., art. Zerdascht.

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