gloire du peuple François; tous veulent humilier les rois orgueilleux, qui osoient méditer de nous donner des fers; tous veulent dicter une paix glorieuse, et qui indemnise la patrie des sacrifices immenses qu'elle a faits; tous veulent, en rentrant dans leur villages, pouvoir dire, avec fierté: J'étois de l'armée conquérante de l'Italie. Amis, je vous la promets, cette conquête; mais il est une condition qu'il faut que vous juriez de remplir, c'est de respecter les peuples que vous délivrez, c'est de réprimer les pillages horribles auxquels se portent des scélérats, suscités par nos ennemis ; sans cela vous ne seriez point les libérateurs des peuples, vous en seriez les fléaux; vous ne seriez pas l'honneur du peuple François, il vous désavoueroit: vos victoires, votre courage, vos succès, le sang de nos frères morts aux combats, tout seroit perdu, même l'honneur et la gloire. Quant à moi, et aux généraux qui ont votre confiance, nous rougirions de commander à une armée sans discipline, sans frein, qui ne connoîtroit de loi que la force. Mais, investi de l'autorité nationale, fort de la justice, et par la loi, je saurai faire respecter à ce petit nombre d'hommes sans courage et sans cœur, les lois de l'humanité et de l'honneur qu'ils foulent aux pieds. Je ne souffrirai pas que des brigands souillent vos lauriers; je ferai exécuter à la rigueur, le régiment que j'ai fait mettre à l'ordre; les pillards seront impitoyablement fusillés, déjà plusieurs l'ont été; j'ai eu lieu de remarquer avec plaisir, l'empressment avec lequel les bons soldats de l'armée se sont portés pour faire exécuter les ordres. Peuples de l'Italie, l'armée Françoise vient pour rompre vos chaînes; le peuple François est l'ami de tous les peuples; venez avec confiance au devant d'elle; vos propriétés, votre religion et vos usages, seront respectés. Nous ferons la guerre en ennemis généreux; et nous n'en voulons qu'aux tyrans qui vous asser→ vissent. (Moniteur, No. 245.-Jeudi, 2 Juin, 1796.) Buonaparté à ses Frères d'Armes.-Au QuartierGénéral, à Milan, le 1er Prairial, an 4. Soldats, Vous vous êtes précipités, comme un torrent, du haut de l'Appenin. Vous avez culbuté, dispersé tout ce qui s'opposoit à votre marche. Le Piémont, délivré de la tyrannie Autrichienne, s'est livré à des sentimens naturels de paix et d'ami tié pour la France. Milan est à vous, et le pavillon républicain flotte dans la Lombardie. Les Ducs de Parme et de Mo dène ne doivent leur existence politique qu'à votre générosité. L'armée qui vous menaçoit avec tant d'orgueil, ne trouve plus de barrière qui la rassure contre votre courage; la Pô, le Tessin, l'Arda n'ont pu vous arrêter un seul jour; ces boulevards vantés de l'Italie ont été insuffisans ; vous les avez franchis aussi rapidement que l'Appennin. Tant de succès ont porté la joie dans le sein de la Patrie. Vos Représentans ont donné une fête dédiée à vos victoires, célébrée dans toutes les Comunes de la République. Là, vos pères, vos mères, vos épouses, vos sœurs, vos amantes se réjouissent de vos succès, et se vantent avec orgueil de vous appartenir. Oui, Soldate, vous avez beaucoup fait...... mais ne vous reste-t-il plus rien à faire?... ... Dira-t-on de nous que nous avons su vaincre, mais que nous n'avons pas su profiter de la victoire ? La postérité nous reprochera-t-elle d'avoir trouvé Capoue dans la Lombardie ? ...... Mais je vous vois déjà courir aux armes, un lâche repos vous fatigue, les journées perdues pour la gloire le sont pour votre bonheur.... Hé bien! partons: nous avons encore des marches forcées à faire, des ennemis à soumettre, des lauriers à cueillir, des injures à venger. Que ceux qui ont aiguisé les poignards de la guerre civile en France, qui ont lâchement assassiné nos Ministres, incendiés nos vaisseaux à Toulon tremblent.. l'heure de la vengeance a sonné. ..... Mais que les peuples soient sans inquiétude; nous sommes amis de tous les peuples, et plus particulièrement des descendans des Brutus, des Scipion, et des grands hommes que nous avons pris pour modèles. Rétablir le Capitole, y placer avec honneur les statues des héros qui les rendirent célèbre; réveiller le peuple Romain, engourdi par plusieurs siècles d'esclavage tel est le fruit de vos victoires; elles feront époque dans la postérité : vous aurez la gloire immortelle de changer la face de la plus belle partie de l'Europe. Le peuple François libre, respecté du monde entier, donnera à l'Europe une paix glorieuse, qui l'indemnisera des sacrifices de toute espèce qu'il a faits depuis six ans ; vous rentrerez alors dans vos foyers, et vos concitoyens diront, en vous montrant : Il étoit de l'armée d'Italie...,.. (Moniteur, No. 259-Mardi, 7 Juin, 1796.) Milan, le 19 Mai. On a publié la proclamation suivante, faite par le Général en Chef Buonaparté, sous la date du 30 Floréal, an 4. La République Françoise, qui a juré la haine aux tyrans, a juré en même temps la fraternité aux peuples. Ce principe de la constitution républicaine est commun aux armées Françoises. Le despote qui, depuis si long-temps tenoit la Lombardie sous le joug, a fait de grands maux à la France; mais les François savent que les causes des Rois n'est pas celle des peuples. Il est hors de doute que l'armée victorieuse d'un Monarque insolent répandroit la terreur sur la nation soumise par ses victoires; mais une armée républicaine, forcée de faire une guerre à mort aux rois qu'elle combat, promet amitié aux peuples que les victoires délivrent de la tyrannie. Respect pour les propriétés et pour les personnes, respect pour la religion des peuples; tels sont les sentimens du Gouvernement de la République Françoise et ceux de l'armée d'Italie; le bon ordre qu'elle a observé dès le moment de son entrée en Lombardie, en est la preuve la moins équivoque. Si les François vainqueurs regardent les peuples de la Lombardie comme leurs frères, ils ont droit de s'attendre à un juste retour de leur part. L'armée doit poursuivre ses victoires et chasser entièrement de l'Italie le despote qui tenoit la Lombardie dans les fers; l'indépendance de ce pays et sa félicité dépendent des succès des entreprises des François. La Lombardie doit donc concourir ellemême de tous ses moyens à ce but si désirable. Pour assurer la marche des troupes, nous vous |