peuple de France prendront toutes les mesures nécessaires pour la sécurité des créanciers de l'état, et pour que la dette du roi, qui deviendra alors celle de la nation, ait désormais pour gage l'honneur et la fidélité de cette nation méme et la surveillance de ses représentans, organe et dépositaire du trésor sacré de la foi publique. , >> 8°. Résolu que les délibérations cidessus seront incessamment présentées à sa majesté avec une humble adresse dans laquelle seront exposés les motifs de la conduite de l'assemblée des représen tans du peuple, depuis leur précédente adresse, la disposition invariable où ils sont de répondre par leur respect, leur amour pour la personne sacrée du roi et par leur application constante à tous les devoirs qui résultent pour eux de la mission dont ils sort honorés, aux intentions vraiment magnanimes de sa majesté pour le commun avantage de ses peuples, et que ces résolutions et cette adresse seront incontinent imprimées et publiées. , >>> Vous venez d'entendre, MESSIEURS la série des résolutions dont je pense qu'il faut appuyer le titre sous lequel je vous propose de constituer notre assemblée; si elles vous paroissent mériter une discussion particulière, j'aurai l'honneur de vous exposer les motifs qui les rendent nécessaires. Dans ce moment, je me borne à insister sur la convenance de la dénomination que j'ai adoptée de représentans du peuple Français. Je dis la convenance, car je reconnois que la motion de l'abbé Sieyes est conforme à la rigueur des principes, et telle qu'on doit l'attendre d'un citoyen philosophe. Mais, MESSIEURS, il n'est pas toujours expédient, il n'est pas toujours convenable de consulter uniquement le droit, sans rien accorder aux cir constances. >> Il est cette différence essentielle entre le métaphysicien qui, dans la méditation du cabinet, saisit la vérité dans son énergique pureté, et l'homme d'état qui est obligé de tenir compte des antécédens des difficultés, des obstacles; il est, disje, cette différence entre l'instructeur du peuple et l'administrateur politique, que l'un ne songe qu'à ce qui est, et l'autre s'occupe de ce qui peut étre. >> Le métaphysicien voyageant sur une mappemonde, franchit tout sans peine, ne s'embarrasse ni des montagnes, ni des déserts, ni des fleuves, ni des abimes; mais quand on veut réaliser le voyage, quand on veut arriver au but, il faut se rappeler sans cesse qu'on marche sur la terre, et qu'on n'est plus dans le monde idéal. >> Voilà, MESSIEURS, un des grands motifs de préférence pour la dénomination que j'ai mûrement réfléchie; si nous en prenons une autre, nous aurons à créer une nouveauté, elle va fournir abondamment aux déclamations de ceux qui nous calomnient; nous aurons contre nous tous les antécédens, tous les usages, tout ce qui est consacré par les habitudes, tout ce qui est sous la garde puissante des préjugés et de l'aristocratie. Si nous prenons le titre de représentans du peuple, qui peut nous l'oter? qui peut nous le disputer? qui peut crier à l'innovation à ces prétentions exorbitantes? à la dangereuse ambition de notre assemblée ? qui peut nous empêcher d'étre ce que nous sommes ? Eh cependant cette dénomination si peu alarmante si peu préten tieuse, si indispensable, cette dénomination contient tout, renferme tout, répond à tout: elle abordera facilement le trône elle ôtera tout prétexte à nos ennemis, elle ne nous exposera point à des combats, à des chocs dangereux dans tous les tems, qui pourroient nous être funestes dans l'état où nous sommes, et jusqu'à ce que nous ayons jeté des racines profondes: cette dénomination simple, paisible, incontestable, deviendra tout avec le tems; elle est propre à notre naissance, elle le sera encore à notre maturité; elle prendra les mêmes degrés de force que nous-mêmes, et si elle est aujourd'hui peu fastueuse parce que les classes privilégiées ont avili le corps de la nation, quelle sera grande, imposante, majestueuse ! elle sera tout, lorsque le peuple, relevé par nos efforts, aura pris le rang que l'éternelle nature des choses lui destine >». , Quelques membres attaquèrent cette motion, et s'attachèrent principalement à définir le mot peuple, qui, suivant eux, ne pouvoit être adopté, soit qu'on le prit collectivement, soit qu'on le prit dans un sens simple. Cette expression, disoit-on (1), est outrée, si elle désigne la totalité de la nation, et elle est trop foible, si elle signifie les communes; elle ne conviendroit ni au clergé ni à la noblesse; il n'étoit pas possible enfin d'adopter la qualification de représentans du peuple Français. Mirabeau répondit (2) aux objections qui lui avoient été faites, par deux discours. Depuis, cet orateur a fondu ces deux discours en un seul; nous allons le rapporter tel qu'il nous l'a transmis dans sa onzième lettre à ses commettans. << MESSIEURS, « La manière dont un des honorables membres (3) a parlé, je ne dirai pas contre ma motion, mais contre la dénomination que j'ai choisie pour nous constituer représentans du peuple Français, l'approbation qu'ont donnée aux objections plusieurs de ceux qui ont parlé après l'honorable membre, m'ont causé, je l'avoue, une extrême (1) Notes manuscrites. |