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La seconde, veuve depuis 9 ans de Guillaume Desponts, était une femme plus âgée, mais d'un dévouement sans bornes, et d'une opiniâtreté bretonne capable de tout entreprendre pour le bien.

Renée Burel avait fait bâtir la maison. M. Leuduger l'avait aidée dans cette construction de ses propres deniers, dit son biographe. Monseigneur Frétat de Boissieux, alors évêque de Saint-Brieuc, en posa la première pierre.

En outre, ce prélat voulut bien approuver le règlement que M. Leuduger avait rédigé pour les pieuses institutrices.

L'éducation des enfants n'était pas le seul but de cette petite société ; les maîtresses de classe visitaient en outre les pauvres, les malades, et leur distribuaient les secours qu'elles recevaient dans ce but de personnes aisées, du linge et des remèdes qu'elles composaient d'après les prescriptions des médecins.

C'est ainsi que, sous la direction de M. Leu

duger et de M. Allenou de la Garde, recteur de Plérin à cette époque, ces deux femmes faisaient modestement le bien, loin de prévoir sans doute l'avenir que Dieu réservait à leurs pieux desseins.

L'avenir, n'est-ce pas le secret mystérieux de la Providence dont nous servons bien souvent les vues sans les connaître ?

Il importait que des liens religieux vinssent resserrer et consacrer l'union de ces pieuses filles.

Ce fut le 8 décembre 1706, d'après les traditions de la Congrégation, que Renée Burel et Marie Balavenne contractèrent des engagements plus étroits devant Dieu. Elles se placèrent sous le vocable du Saint-Esprit et choisirent la Pentecôte pour fête principale de leur association. Le jour mémorable dans lequel elles s'étaient vouées à Dieu d'une manière indissoluble devait leur rester cher, aussi prirent-elles pour seconde fête l'anniversaire de l'Immaculée Conception. Comme symbole

de la vie qu'elles embrassaient, ces nouvelles professes reçurent le crucifix et le rosaire, les symboles du sacrifice et de la prière. Leur costume resta semblable à celui des femmes de Plérin, sauf la couleur qui devint le blanc, d'où le nom de Sœurs blanches, sous lequel on désigne aujourd'hui les Filles du Saint-Esprit.

concours.

Peu d'évènements signalent le séjour des Sœurs au Légué, où elles ne devaient rester que provisoirement. Charlotte Corbel vint en 1710 s'adjoindre à elles et leur apporter son En 1714 elles perdirent M. Allenou de la Garde, le premier de leurs supérieurs ecclésiastiques. Ce ne fut pas sans regrets qu'elles virent disparaître l'homme de Dieu sous les auspices duquel avait commencé leur mission. Elles se demandaient avec inquiétude ce qu'il adviendrait de leur pieuse entreprise, lorsque celui qui leur avait tracé la voie leur manquait au début. Dieu devait y pourvoir, ainsi que nous le verrons.

En 1718, Renée Burel et Marie Balavenne,

dans le but de consolider leur œuvre, font leur testament (1) en faveur de la petite Communauté.

Ces deux actes sont tout simplement des chefs-d'œuvre d'esprit de foi et de charité.

Marie Balavenne, pauvre des biens de ce monde, ne peut léguer à ses sœurs que quelques meubles et ses vêtements. Mais son cœur éclate en sentiments de gratitude envers ses compagnes, « qui, dit-elle, l'ont recueillie et «< soignée dans ses infirmités, » car elle se donne comme inutile et entièrement redevable à leur charité.

Renée Burel, plus à l'aise, dote la maison de vingt boisseaux de froment à la condition «< que les filles demeurant ensemble dans la dite maison, s'appliquent au soin des pauvres et des petites écoles, » et à la charge de faire célébrer pendant dix ans « le jour et fête de la Pentecôte, fête principale de la petite mai

(1) Aux Archives de la Maison principale.

son, une messe solennelle avec son de cloches et cierges allumés. »>

Dans le testament de Marie Balavenne, les sœurs déjà nommées sont seules signalées. Renée Burel émet un souvenir reconnaissant pour Mauricette Majol qui, dit-elle, « l'a beaucoup aidée pendant près de six ans ; » mais ce qui suit donne à entendre que cette compagne dévouée était libre de tout engagement.

Cependant Dieu allait faire son choix dans cette association naissante et rappeler à lui celle qui semblait être le soutien de l'œuvre. Renée Burel, jeune encore, et pleine de santé au moment où elle rédigeait son testament, mourut deux ans plus tard, au Légué, le 19 juin 1720, âgée de 38 ans (1). Ses restes furent inhumés dans le cimetière de la paroisse, vis-à-vis du grand portail, à l'entrée principale de l'église. Une main inconnue inscrivit en marge de son acte de décès : Granum

(1) Elle était née le 3 Mai 1682,

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