putés aux états-généraux étoient les seuls qui ne dussent pas être recherchés dans les formes, même légales, pendant la durée des sessions ». Les gens armés qui entouroient la salle (1), avoient pour consigne d'empêcher les étrangers d'entrer. Mirabeau observa (2) qu'il étoit scandaleux << que l'asyle de la liberté fût environné de satellites, qu'on n'étoit plus libre de voter >>. Quelques membres élevèrent des soupçons sur la conduite de M. le garde des sceaux (M. Barentin), lorsque Mirabeau assura qu'il auroit dénoncé dès aujourd'hui son digne cousin M. le garde des sceaux, s'il n'avoit eu la certitude excessivement fondée qu'il devoit donner le soir même sa démission, mais qu'il se réservoit de le faire le lendemain. Le 25, quarante-neuf membres de la noblesse vinrent se réunir à l'assemblée nationale; ils y furent reçus avec les expressions de la plus vive sensibilité. (1) Le 24 juin. Tome I. F Des 26 et 27 juin 1789. Chaque jour amenoit la réunion de quelques membres, soit du clergé, soit de la noblesse. Le 26, on a vu avec plaisir les ci-devant évêques d'Orange, d'Autun, et archevêque de Paris, venir soumettre leurs pouvoirs. - Une députation des électeurs de Paris fut admise ce jour : il est à remarquer que c'est la première de toutes les députations envoyées à l'assemblée nationale. - L'annonce d'une députation de la majorité de la noblesse, donna lieu à quelques débats. Il s'agissoit de savoir si elle devoit être admise; M. Freteau avoit représenté que l'on ne pouvoit se dispenser de la recevoir, non comme députés de la chambre de la noblesse, mais comme députés des bailliages dont ils étoient les représentans, qualité qui leur appartenoit d'autant plus, que MM. de la noblesse, qui étoient membres de l'assemblée nationale, avoient vérifié leurs pouvoirs. Mirabeau observa à cet égard, « que l'on (1) Journal de l'assemblée nationale permanente, tom. I ne pouvoit les regarder comme gentilshommes députés de bailliages, par cela même que MM. de la noblesse attestoient que leurs pouvoirs étoient en règle; que la vérification qu'ils en avoient faite étoit illégale, et que sur une vérification illégale, on ne pouvoit prendre aucun parti. Les raisons données par M. Freteau pré valurent, et la députation fut admise. * Le 27, on agita les questions relatives à l'admission des représentans de la colonie de Saint-Domingue, à la validité de leur élection, et à leur nombre. L'assemblée dé. cida qu'elle recevroit les députés de cette colonie, et que leur élection étoit valable. La délibération sur la troisième question (1) fut ajournée. La réunion des membres de la majorité de la noblesse et de la minorité du clergé eut lieu ce jour à cinq heures. Du 30 juin au 2 juillet. On étois dans une extrême impatience de voir ce qui résulteroit d'une agrégation si long-tems désirée; mais la pre i (1) Voyez au 4 juillet 1789. Fa ر mière séance (celle du 30 juin), à laquelle on prenoit un si vif intérêt, et qui devoit naturellement piquer la curiosité, fut presque consumée en lectures de décla rations ou protestations. Dans celle du premier juillet, on s'oc cupa d'une lettre apportée par quelques citoyens de Paris, dans laquelle on invoquoit l'intercession de l'assemblée nationale en faveur des soldats qui, la veille, avoient été arrachés des prisons de l'abbaye dans une émeute populaire. Les avis se trouvèrent partagés sur le parti qu'il y avoit à prendre. Mirabeau, qui tenoit aux principes, qui sont que les émeutes populaires sont du ressorts du pouvoir exécutif, pensoit qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer. Cet avis, ne fut pas suivi; l'assemblée arréta d'intéresser la clémence du roi à n'employer que des moyens doux pour remettre l'ordre. - Une députation fut chargée de remettre au roi cet arrêté, et sa majesté céda aux sentimens de la bonté. Le 2 juillet, M. le cardinal de la RocheFoucault fit lecture d'une déclaration de la minorité du clergé, qui, en adhérant aux 7 délibérations générales des deux ordres, de la noblesse et du tiers-état (c'est ainsi qu'il s'exprimoit), protestoit contre tout ce qui pourroit porter atteinte aux droits du clergé. Mirabeau remarqua à cet égard, « qu'en général il étoit fort étonnant qu'on se permît de protester dans l'assemblée contre T'assemblée; il montra que nul ne pouvoit rester membre des états-généraux, s'il n'en reconnoissoit pas la souveraineté; qu'on ne pouvoit pas même délibérer en présence de quiconque se croiroit le droit de protester, et qu'il étoit absolument contraire aux principes et aux convenances, de recevoir de pareilles pièces ou d'en donner acte ». Dans la méme séance, Mirabeau, en appuyant les réflexions que M. Pétion avoit faite pour prouver qu'un acte enté sur les déclarations et les prétendus ordres du roi donnés dans la séance royale, ou plutôt en lit de justice dans l'assemblée nationale, étoit par cela seul frappé de nullité, «relut l'acte présenté par M. le cardinal de la Rochefoucault, le commenta, et faisant voir qu'un tel acte n'étoit pas tant une réserve, une protesta |