DES GIRONDINS. LIVRE QUARANTE-SEPTIÈME. I Le récit du procès et de la mort de Marie-Antoinette, que ous n'avons pas voulu interrompre, nous oblige à remonter quelques semaines en arrière, jusqu'au 3 octobre, pour reprendre la destinée des Girondins. Depuis le 2 juin, date de leur chute et de la captivité de urs principaux orateurs, les Girondins étaient le ressentient constant du peuple de Paris plus altéré qu'assouvi de ngeances. Le comité de sûreté générale chargea Amar, un ses membres les plus implacables, de livrer au tribunal = vingt-deux principaux chefs de ce parti, qui avaient été rêtés au 31 mai, et de décréter d'accusation les soixante et eize députés du centre suspects de complicité morale avec Gironde, et qui avaient protesté les 6 et 19 juin, dans un te courageux et public, contre la violence du peuple et ntre la mutilation de la représentation nationale. Un pro générale. Il agit comme le tribunal des Dix à Venise, rassurant, par la dissimulation et le silence, les victimes qu'il craignait de laisser échapper. II Le 3 octobre, par une de ces splendides matinées de l'automne qui semblent convier les hommes à la sérénité du ciel et à la libre contemplation des derniers beaux jours d'une saison qui va mourir, les soixante et treize députés du centre, débris toujours menacé et toujours inquiet du parti de Roland, de Vergniaud, de Brissot, se rendirent, pour la séance, à la Convention. Ils furent frappés de l'appareil inusité de force armée qui régnait autour des Tuileries. Dans l'enceinte de la salle, les tribunes fréquentées par le peuple, et d'où il assistait à ses affaires, étaient plus garnies de spectateurs qu'à l'ordinaire. Une sourde agitation, une attente impatiente se trahissaient dans les bruits, dans les mouvements, dans les physionomies. Un poids invisible d'anxiété semblait peser sur les députés, qui se rendaient lentement à leur place. On eût dit que la Montagne et le peuple avaient reçu la sinistre confidence de la scène tragique qui se préparait. Les soixante et treize regardaient sans comprendre, et se demandaient, sans pouvoir se répondre, quel acte de tyrannie nouveau avait donc transpiré la nuit du sein des comités? III Un député de la Montagne descendit de son banc, monta à la tribune, et annonça que le rapporteur du comité de sûreté générale, Amar, allait venir bientôt faire son rapport |