AVANT-PROPOS. (29 décembre 1838). Qui eût dit que, huit ans après la révolution de juillet, le conseil d'État se remettrait à juger des cas d'abus en matière spirituelle? Tant que le clergé n'a refusé les prières de la sépulture qu'à des restes de paysans ou de bourgeois, on n'a pas cru qu'il valût la peine de s'en occuper. Mais aujourd'hui qu'il s'agit du cadavre d'un ij noble Pair, le gouvernement prend feu. Comme c'est populaire! Si le prêtre passe sur votre terrain, vous le laissez faire. S'il reste sur le sien, vous allez l'y attaquer. Comme c'est habile! Des thèses d'obsèques religieuses et de sacrements! Un débat entre des clercs et des laïques, sur la question de savoir si M. de Montlosier est mort ou n'est pas mort en état de grâce! Une pénalité sans aucune sanction! Une sentence d'abus, brusquée, impétueuse, menée en sursaut, sans préparatoires amples et suffisants et sans contradiction orale! Des incompétences de personnes et de matières à remuer à la pelletée ! Le conseil d'État transformé en officialité métropolitaine! c'est vraiment à n'y pas croire. Timon n'est pas un prêtre, ni nu iij congréganiste, et même tant s'en faut, e. cependant il s'élève ici contre l'oppression de l'indépendance cléricale. C'est que Timon veut la liberté pour tout le monde: liberté du gouvernement à l'encontre du prêtre, dans l'ordre du temporel, liberté du prêtre à l'encontre du gouvernement, dans l'ordre du spirituel. Point d'empiétements d'un côté, point de persécutions de l'autre. Chacun chez soi, chacun dans son droit. Si le plaidoyer que Timon a mis dans la bouche de l'évêque de Clermont est mélangé de gravité et d'ironie, c'est que le sujet était à-la-fois sérieux et ridicule; sérieux par le fond, ridicule par l'Appel. Aujourd'hui, les véhémences de la pairie, demain les fulminations du conseil-d'Etat! Mais ce ne sera pas la iv pairie ni le conseil-d'Etat, ces deux succursalistes du gouvernement, qui empêcheront Timon de dire la vérité à qui il faut la dire. Il est temps, enfin, qu'on sache si nous ne pourrons pas mourir comme nous voulons, sans que le gouvernement s'en mêle, si les citoyens l'ont constitué le vengeur orthodoxe de leur conscience et de leurs funérailles, et si la liberté des cultes n'est qu'un mot! DÉFENSE DE L'EVÊQUE DE CLERMONT. (29 décembre 1838). MES RÉVÉRENDS PÈRES, Je vous demande un million de pardons si j'entre un peu trop brusquement en matière; mais il m'avait été dit, voyez comme on est méchant! qu'il y avait parmi vous des gens qui ne croyaient pas à ce que nous croyons, d'autres qui croyaient à tout, et d'autres, en plus grand nombre, qui ne croyaient à rien du tout; que vous seriez tout-à-fait hors |