à leur retour d'une croisière le long de la côte de Crimée, de Kaffa et de Sébastopol. Des lettres de la Valachie nous informent que les Russes ont transporté tout le matériel pour des pontons à Giurgevo. Les soldats travaillent jour et nuit à préparer les ponts que l'on se propose de jeter sur le Danube. Les Russes ont concentré des forces considérables à Braïlow, et ils fortifient la ville de Tockani, sur la frontière de Moldo-Valachie, où ils auront, en cas de revers, leurs parcs et leurs munitions, leurs grands magasins d'approvisionnement et leurs hôpitaux. Trébisonde, le 13 février. Des tempêtes terribles ont eu lieu dans la mer Noire. Constantinople, le 18 février. Toute la flotte, à l'exception de deux bâtiments envoyés au Pirée, est dans le Bosphore. Albanie, le 18 frévrier. La loi martiale a été proclamée dans les provinces insurgées, Quelques insurgés ont déjà été fusillés. L'insurrection n'obtient pas le succès qu'elle espérait. Vienne, le 28 février. Un corps autrichien de 25,000 hommes est disposé sur la frontière sudest de la Transylvanie, c'est-à-dire sur le flanc droit des Russes en Moldavie, et sur le derrière des Russes en Valachie. L'Autriche a défendu l'exportation, dans les provinces turques, de toutes les matières qui peuvent servir à la guerre. La correspondance des feuilles allemandes donne des informations sur les mouvements des corps russes de réserve. Ainsi on écrit de Posen, 26 février, à la Gazette des Postes de Francfort: Nous apprenons aujourd'hui par des lettres de Varsovie que les régiments russes qui avaient l'ordre de partir pour les Principautés, ont reçu tout à coup contre-ordre, et que plusieurs divisions arriveront prochainement comme renforts. On présume que l'attitude prise par les puissances allemandes, notamment par l'Autriche, a déterminé cette mesure. Le cabinet de Saint-Pétersbourg avait compté sur les sympathies absolues de l'Autriche, et s'il est vrai que l'Autriche et la Prusse penchent maintenant plus fortement du côté des puissances occidentales, on peut avoir l'espoir fondé qu'il n'y aura point de guerre générale, et que la Russie saisira, au contraire, la première occasion favorable pour conclure la paix avec la Porte ottomane., On écrit aussi de Berlin au Standard: Il est certain que l'armée russe va prendre position en Courlande, sur la frontière de Prusse. Lors même que ce rassemblement serait destiné à intimider l'Allemagne, le gouvernement prussien n'a décrété aucune concentration de troupes de ce côté. On croit que cette mesure est prise par la Russie pour résister éventuellement à un débarquement de troupes prussiennes sur les côtes de la Baltique. Enfin, une lettre de Saint-Pétersbourg, publiée par la Gazette de Cologne, porte ce qui suit : On lit dans les journaux étrangers une infinité de rapports sur les mou vements de troupes russes en Pologne. Ici on ne croit pas à tous ces mouvements. On pense, au contraire, que des renforts arriveront en Pologne de l'intérieur de la Russie pour être dirigés sur les Principautés. Les corps des gardes et des grenadiers occuperont, dit-on, les côtes de la Baltique et de la Lithuanie. On a pris, dans la Baltique, les mêmes précautions que le prince Mentschikoff a adoptées dans la mer Noire: on a enlevé les tonnes, les balises et autres signes qui marquent les endroits dangereux. C'est à ces mesures que l'on attribue l'échouement d'un vaisseau anglais. Ainsi, la Russie se prépare à une guerre ma ritime. Le cabinet de Saint-Pétersbourg a déclaré approuver la neutralité des Etats scandinaves, bien qu'il ne paraisse guère possible à ces Etats de la maintenir. Voici, d'après le Globe, la liste officielle de l'état-major de l'armée anglaise qui se rend en Turquie: Général commandant en chef: lord Raglan. Secrétaire militaire: lieutenant-colonel Steele. Aides-de-camp: major lord Burghersh; lieutenantcolonel Somerset; capitaine Kingscote; lieutenant Somerset. Lieutenant-général : sir G. Brown. Aides-de-camp: capitaine Alex. Macdonell; capitaine Withmore; lieutenant Pearson. Major général S. A. R. le duc de Cambridge. Aides-de-camp: Major Macdonald; capitaine Clifton; lieutenant-colonel lord W. Paulett; lieutenant-colonel Tyrwhitt. Brigadier-général : J. W. Bentinck. Aides-de-camp: lieutenant Bing; capitaine Stephenson. Brigadier général: sir John Campbel. Aides-de-camp: capitaine Shadwell; capitaine Sterling. Brigadier-général: William Eyre. Aides-de-camp: lieutenant L. Graham; major A. Hope. Il est probable que les escadres française et anglaise desti-nées à la Baltique, se réuniront d'abord dans le canal où aura lieu une revue royale. Ce fait est annoncé d'avance en ces termes par le Morning-Post: On assure que l'escadre qui va quitter Spithead pour la Baltique, sous les ordres de l'amiral sir Charles Napier, sera, avant son départ, ralliée par l'escadre française, et qu'il y aura dans le canal une revue royale des deux escadres. La cour part le 9 de Londres pour Osborn. C'est une circonstance qui donne de la probabilité à cette nouvelle. Mais une preuve plus convaincante que l'escadre française arrivera bientôt en vue des côtes d'Angleterre, c'est que les autorités du grand arsenal maritime de Portsmouth ont tenu hier une réunion préliminaire, afin de concerter le projet d'une grande fête à donner aux officiers français lorsqu'ils arri veront. Alfred DES ESSARTS. ENQUÊTE SUR LES COUVENTS EN ANGLETERRE. L'Eglise catholique d'Angleterre vient d'essuyer un échec des plus graves que nous avons prévu depuis longtemps, et qui pourra avoir dans la suite des conséquences funestes pour la religion. Dans la séance du 28 février, M. Chambers a proposé à la chambre des Communes, qu'une enquête fût établie pour constater l'état des institutions monastiques, les progrès qu'elles ont faits dans ces dernières années, la position où elles sont visà-vis de l'État, et quelles mesures gouvernementales ou législatives il serait à propos de prendre à leur égard. Il y a, dit-il, une grande distinction à faire entre les communautés de religieuses et celles de religieux. Les premières ne sont point oppo. sées à la loi; mais il faudrait les soumettre à l'inspection. Les dernières au contraire, seraient essentiellement illégales, vu que leur existence est en désaccord avec un acte du Parlement. En vertu du pacte qui existe entre les deux partis du ministère actuel, et que nous avons déjà signalé à nos lecteurs, le gouvernement s'opposa vivement à cette motion. Lord John Russell, tout champion du protestantisme qu'il se vante d'être, la déclara inopportune et insultante pour les Catholiques. Et, en effet, dans ce moment, la raison d'Etat semblerait exiger qu'on cherchât à se concilier les Catholiques. Mais l'opinion publique n'en juge pas ainsi. Et qui pourra jamais lutter avec succès contre cette puissance en Angleterre? La motion de M. Chambers a été adoptée, malgré le gouvernement, par une majorité de soixante-trois voix. Il est hors de doute que le but réel, quoique éloigné de cette mesure, c'est la suppression totale des communautés d'hommes et l'assujétissement des religieuses à l'Etat. Ce serait un coup terrible porté à la Religion Catholique. C'est aux Ordres religieux qu'elle doit sa principale force en Angleterre; et, sans vouloir faire des comparaisons odieuses, nous ne craignons point de dire que ces institutions font aujourd'hui son plus solide soutien. En Angleterre, il y a des causes toutes particulières que nous pourrons bien un jour approfondir, qui font que les Ordres religieux sont appelés à jouer un rôle dont semble dépendre, non-seulement la prospérité, mais l'existence même de l'Eglise catholique. - Comment faire, nous dira-t-on, pour prévenir cette catastrophe ? Pour le moment, nous nous contentons de renvoyer nos lecteurs à ce que nous avons dit dans notre coup d'œil rétrospectif sur l'Eglise d'Angleterre. L'abbé J. COGNAT. L'affaire de Mgr de Limbourg a été récemment traitée devant la cour criminelle de Wiesbade. Le digne prélat a été acquitté sur le chef de concussion; mais il est remis en accusation sur celui de contravention à l'article 401 du code pénal du duché, qui statue des pénalités contre les tuteurs qui portent préjudice aux intérêts de leurs pupilles. Ce nouveau chef d'accusation n'étant pas plus fondé que le premier, et l'article en question n'étant d'aucune façon applicable au cas de dispensation du revenu ecclésiastique faite par Mgr Blum, le Journal de Mayence nous apprend que l'éminent accusé en a appelé à la cour de cassation du duché pour faire prononcer la nullité du jugement et épargner ainsi, à l'avantage de l'Eglise et de l'Etat, le scandale d'une procédure déjà trop prolongée. L'abbé A. SISSON. BULLETIN POLITIQUE DE L'ÉTRANGER ESPAGNE. Les arrestations continuent. Le 23, à minuit, quatre rédacteurs appartenant au Diario español, à las. Novedades et au Tribuno, sont partis dans une voiture de poste qui les a conduits à Cadix. On ignore quel sera leur sort. Le courrier de Catalogne n'a apporté, à Madrid, que des nouvelles rassurantes. Nulle part la tranquillité n'a été troublée, malgré le bruit qui s'était répandu dans les cafés d'un soulèvement à Barcelone. L'Athénée de Madrid a été fermé par ordre de l'autorité, parce que les conversations qui s'y tenaient pouvaient exciter les passions politiques. Les alcades des bourgs voisins de Sarragosse sont à la poursuite des insurgés qui, du reste, paraissent plus disposés à fuir qu'à se battre. Voici le fulminant bando que le capitaine-général d'Aragon vient de lancer contre eux et leurs adhérents: Art. 1. Tous les individus, de quelque condition qu'ils soient, qui, ayant pris part à la rébellion, ont été arrêtés ou pris les armes à la main, seront jugés conformément aux ordonnances et encourront les pénalités prévues pour ce délit. Art. 2. Il est accordé à tous ceux qui, ayant pris part à la rébellion, se trouvent en fuite, deux jours pour se présenter devant les autorités légitimes; passé ce délai, ceux qui seront saisis avec des armes seront condamnés à la peine capitale, et ceux qui seront pris sans armes à la peine immédiatement au-dessous. Art. 3. Il sera appliqué une peine moindre, suivant les circonstances, à ceux qui se présenteront dans le délai fixé, Art. 4. Ainsi qu'il a été ordonné précédemment par le gouverneur civil, de cette province, par le bando qu'il a publié aujourd'hui, avec mon assentiment, l'usage de toutes espèces d'armes est prohibé: ceux qui les conserveraient, passé le délai fixé dans ce bando, seront jugés comme complices du délit de rébellion. Art. 5. Les prévenus de çe délit et ceux qui tendraient à compromettre la tranquillité publique, seront soumis au conseil de guerre permanent, établi à partir de ce jour. Saragosse, 21 février 1854. FELIPE RIBERO. PIÉMONT. -- On nous écrit de Gênes: Tous les journaux, grands et petits, blancs et noirs, ou rouges ou tricolores, se sont empressés de décrire les fêtes qui ont eu lieu à Gênes pour l'inauguration du chemin de fer: les uns ont entonné des hymnes de Jouange, les autres ont fait entendre la critique; mais aucun d'eux, il faut le dire, n'est resté dans la juste mesure. Certainement une voie ferrée qui relie ainsi deux villes célèbres est chose importante; certainement les fêtes de l'inauguration ont été grandes et magnifiques, Les Gênois ne pouvaient mal accueillir Victor-Emmanuel et la famille royale; d'autant plus que c'était la première visite que ce roi leur faisait à titre de souverain: mais chacun sait que ce ne sont pas les fêtes officielles qui offrent la véritable animation. On ne peut vraiment dire qu'une fête a été complète que si elle manifestait l'élan et l'accord des cœurs. Ici oserait-on affirmer qu'il en a été ainsi? Les Gênois paraissaient intimidés par les baïonnettes, de même que par l'appui que prêtent au gouvernement les forces navales des anglais. Mais, quelques frais qu'on ait faits pour les éblouir, ils n'ont pas témoigné par leurs démonstrations cet enthousiasme vrai qui seul pouvait donner à ceite fête son véritable caractère de sincérité et d'épanchement. On l'y chercherait en vain. A l'arrivée du roi, il y a eu peu de vivats empressés; un silence morne régnait; et plusieurs personnes ont poussé l'inconvenance jusqu'à rester la tête couverte devant les membres de la famille royale. La plupart semblaient s'occuper surtout d'étudier sur la physionomie des ministres l'effet produit par ce froid accueil. Ce sont des fêtes qu'on a célébrées: mais les fêtes matérielles sont-elles bien réellement des fêtes? Avis aux gouvernants! DANEMARK. - Copenhague, 24 février. - Dans la séance d'hier, la proposition du gouvernement, d'après laquelle la constitution de toutes les parties de la monarchie pourrait être octroyée sans communication préalable à la diète, a été rejetée à une majorité de 97 voix contre une. Toutes les propositions de la commission ont été adoptées à une majorité de 88 voix contre 7. CHINE. - D'après les dernières nouvelles, l'insurrection faisait des progrès. Mais ces nouvelles sont si vagues et si contradictoires, qu'il est impossible de constater la vérité. Shangaï, occupée par les insurgés, avait été menacée de bombardement par les Français, parce que les gardiens d'une des portes avaient donné la bastonnade à deux chrétiens employés au service des missionnaires français; mais satisfaction a été donnée et la menace est restée sans autre effet. NOUVELLES RELIGIEUSES H. RANG. FRANCE. - DIOCESE DE PARIS. - Une assemblée de charité aura lieu le 5 mars (premier dimanche du Carême), à trois heures, dans l'église SaintSulpice, en faveur de la MAISON DES ORPHELINS DE SAINT-VINCENT-DE-PAUL. Le sermon sera prêché par le R. P. Lavigne. Les personnes qui ne pourraient assister au sermon sont priées de vouloir bien envoyer leurs offrandes aux dames quêteuses ou au siége de l'OEuvre, rue du Moulin, 1 (Vaugirard). La maison des Orphelins de Saint-Vincent-de-Paul, établie il y a trois ans (rue de l'Arbalète, 39 bis), sous le patronage de Mgr l'Archevêque de Paris, a pour but de recueillir les jeunes garçons de la classe ouvrière ou indigente que la mort a privés de leur père ou de leur mère. Les enfants y seront admis de sept à douze ans; ils y reçoivent l'instruction élémentaire, y sont préparés avec un soin particulier à la première communion, et, après cet acte si important de la vie, sont placés en apprentissage par les directeurs de l'Oeuvre, qui continuent d'exercer sur eux une constante et paternelle surveillance. |