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présentés n'ont pas le droit de pétitionner contre des décrets rendus. Mais à quoi leur serviroit donc le droit de pétition ? quelle seroit leur liberté ? Législateurs! dites, si vous osez, que vous n'aurez pas d'égard à ces sortes de pétitions, nul ne peut empêcher votre opinion despotique; mais vous n'avez pas déclaré, vous n'avez pas eu le droit de déclarer que vous défendiez des pétitions même contraires à vos décrets: une pétition ne peut être regardée comme une infraction; par cela seul qu'on demande, on est soumis; et dès qu'on est soumis, on n'est ni séditieux ni incendiaire.

Telle chose que fasse l'assemblée nationale, elle ne peut donc pas ôter au peuple l'exercice du droit de pétition sur tous les objet qui l'intéressent; elle l'a bien suspendu par un acte arbitraire; elle a bien porté une atteinte cruelle aux droits sacrés de l'homme et de la souveraineté nationale; mais cette atteinte ne sera que passagère; les peuples les plus esclaves n'en sont pas moins légitimes propriétaires de leurs droits; il ne leur manque que la possession: nous reprendrons la nôtre; le feu sacré de la liberté a pour jamais embrásé nos ames; c'est un besoin pour nous d'être libres, et nous le redeviendrons. La coalition va marcher à grands pas; elle a déjà attaqué la liberté de la presse, la révision des décrets va arriver, la bombe éclatera; la garde nationale verra avec horreur l'abîme où on veut la plonger, et elle se déclarera en faveur du patriotisme.

La coalition n'ayant pu faire accréditer le systême que toute pétition contraire aux décrets est une infraction à la loi, tâche, sous des noms supposés, de propager une autre erreur. La loi, dit on, défend les pétitions collectives. CELA N'EST PAS VRAI. La loi ordonne que les pétitions seront signées individuellément; mais elle n'ordonne pas, ne peut pas ordonner qu'elles soient faites de même: autrement, ce seroit anéantir en entier le droit de pétition.

Citoyens! c'est ainsi que l'on cherche à vous égarer on vous peint comme des factieux; on arme contre vous la garde nationale; on cherche à en faire un corps séparé, un corps oppresseur ; mais ne nous laissons point a ler à ces insinuations per fides et abominables: rallions-nous tous autour de la déclaration des droits, base immortelle de l'égalité politique et civile! Vous, gardes nationaux, abjurez toute distinction entre vous et vos frères; le droit de défendre la patrie et la loi est le droit de tous. Quittez dono ces vains ornemens, ces boutons, ces paremens, ces uniformes, qui feroient de vous une troupe de soldats, une armée de licteurs, et qui entretiendroient parmi les défenseurs de la patrie un esprit de corps, une opinion particulière, qui ne seroit ni l'esprit ni l'opinion de la majorité des citoyens. Héros de la ville de Paris! on ne doute pas de votre courage; vous en avez donné une preuve éclatante en prenant la bastille; mais étiez vous en habit bleu, en veste blanche, lorsque vous l'avez prise? Ecoutez la voix de vos concitoyens qui vous crient: « De l'union, » nos frères, de l'union, de la fraternité! avec » de l'union, vous serez libres et hors de toute >> atteinte » !

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Tableau de Paris, au mois de juillet 1791, Et examen de la loi contre les attroupement.

En juillet 1789, Louis XVItenta le blocus de Paris, et le peuple le contraignit à venir en faire amende honorable à la maison commune. En juillet 1791, Louis XVI veut bloquer la France, et l'assemblée nationale députe vers lui pour l'absoudre et le réintégrer.

Au mois de juillet 1789, l'assemblée nationale, à Versailles, étoit investie de baïonnettes, comme elle l'est à Paris au mois de juillet 1791; mais

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avec cette différence qu'en 1789 c'étoit le roi qui l'ussiégeoit ainsi, et que ce fut le peuple quila délivra; au lieu qu'en 1791, c'est elle-même qui se met en état de défense vis à vis du peuple, afin de pouvoir tout à son aise lui rendre les fers dont il l'a déchargée.

Au mois de juillet 1789, l'assemblée nationale, puissamment secondée par le peuple, lutta contre la cour avec succès. En juillet 1791, elle lutte contre le peuple, en se mettant à l'abri sous la couronne d'un monarque postiche.

En juil et 1783, il n'y avoit pas encore d'am's de la liste civile, parce qu'elle n'étoit pas encore décrétée. Au mois de juillet 1791, les amis de la diste civile sauvent Louis XVI, pour se partager, sous son nom, la couronne et la liste civile.

Au mois de juillet 1789, les représentans du peuple français travailloient sans relâche à établir sur des bases constitutionnelies la souveraineté de la nation, souveraine déjà par le fait, et ne voyoient dans la royauté qu'un pouvoir émané essentiellement du peuple. En juillet 1791, l'assemblée nationale restaure à neuf le trône qui tomboit de vétusté, et voudroit amener pieds et mains liés la nation aux genoux d'un roi conspué par elle.

Au mois de juilkt 1799, le champ de Mars reçut le nom de champ de la Fédération. Au mois de juillet 1791, le champ de la Fédération reprit son ancien nom de champ de Mars: dans cette même place où des gardes nationales, en juillet 1791, firent feu sur leurs concitoyens réunis pour une pétition individuelle, des troupes de ligne, en juillet 1789, refusèrent de tirer sur les citoyens.

En juillet 1789, c'étoit l'assemblée nationale qui fournissoit les matières aux journaux, et qui en dirigeoit les principes. Au mois de juil et 1791, ce sont les journalistes qui font le thême à l'assemNo. 106.

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blée nationale. Un député, pour se distinguer au (78) moins une fois avant la clôture de la session, se pénètre bien de l'esprit des Rév lutions de Paris, et en débite la substance à a tribune; pourquoi M. Vadier, qui avoit cru devoir en agir alasi à la séance du matin, ven 'redi 15 juillet, s'est-il vite rétracté le lendemain? e journal, dont il n'a été que l'écho, ne lui en avoit pas donné l'exemple. Mais peut-être n'étoit-ce qu'une scène simulée? II fut convenu apparemment que M. Vadier ne s'éleveroit vendredi avec tant de véhémence contre la personne de Louis, que pour rendre plus éclatant et plus exemplaire le sacrifice de son obéissance au décret du samedi, lequel n'inflige au roi d'autre châtiment qu'une inaction de deux ou trois mois.

Ce seroit un livre piquant que celui qui auroit pour titre: Tactique de l'assemblée nationale.

Au mois de juillet 1789, Louis XVI n'étoit roi qu'en peinture. Le nom et les titres de ce monarque en détrempe couvroient toutes les maisons, tous les murs de Paris; le peuple français étoit alors véritablement souverain. En juillet 1791, tout ce qui peut rappeler la royauté est effacé de dessus nos murailles; le peuple a passé l'éponge sur le nom et les titres de Louis XVI; pourquoi l'assemblée nationale s'obstine-t-elle à conserver ce nom en tête de tous ses décrets? Voudroit on, par la puissance des baïonnettes, nous faire reconnoître la dictature permanente de nos représentans, masquée sous l'effigie de Louis XVI, prisonnier dans son palais comme criminel, et pourtant cité comme roi au commencement de tous les décrets ?

En juillet 1789, tous les habitans de Paris étoient soldats, et n'avoient point d'uniforme. On punissoit les traîtres, on s'assuroit des gens suspects, et un fils ne se voyoit pas dans la ma heureuse nécessité de fusiller son père, placé dans un groupe de pétitionnaires.

Au mois de juillet 1791, le citadin paisible, sorti de sa maison à cinq heures, n'est pas sûr d'y rentrer à huit; et l'épouse, se promenant avec sa famille, en l'absence de son mari qu'elle croit au corps de garde, reçoit la mort de celui qui auroit donné sa vie pour elle.

Au mois de juillet 1789, le jardin du palais d'Orléans étoit rempli de citoyens disant, en toute sécurité, chacun son avis sur le décret de la veille ou l'événement du matin; la liberté nationale naquit au sein de ces rassemblemens.

En juillet 1791, des citoyens habillés de bleu, et la baionnette au bout du fusil, quittent leurs ateliers, leurs magasins, leurs familles, pour venir séparer brutalement leurs compatriotes mettant on commun leurs lumières et leurs observations.

En juillet 1789, les aristocrates se cachoient ou prenoient la fuite, voyant l'assemblée nationale en parfaite concordance avec l'opinion publique, et remarquant l'attitude fière et noble des députés, et a confiance du peuple envers ses législateurs et ses magistrats.

Au mois de juillet 1791, les aristocrates, malgré le piteux voyage de Montmédy, et la prison royale de leur chef, levent la tête et reprennent courage, à la vue des comités machiavélistes de l'assemblée nationale, au bruit de la chute des clubs, seul freia des députés, à la suspension des assemblées primaires, seul espoir des patriotes aux abois, aux évolutions meurtrières des gardes nationaux, marchant aveuglément contre leurs frères sans uniforme; les aristocrates sourient à cette loi marta e provoquée sans motif, proclamée précipitamment, et mise à exécution sans humanité; à cette liste de proscription remise aux accusateurs publics pour se défaire des patriotes (1) les plus ardens ;

(1) Plusieurs journalistes patriotes ont eu la lâcheté

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